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Image & Perception : ESG / Les enjeux des normes CSRD



La précédente newsletter sur l’impact des communications ESG/ CSR / RSE, se devait d’être complétée par l’impact et l’apport des nouvelles règles de communication financières CSRD, applicable depuis le 01/01/2024.

 

Les normes CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) sont un ensemble de directives établies par l’Union Européenne, pour améliorer et standardiser la communication des entreprises, concernant leur impact sur la durabilité.


Cela répond donc à la demande croissante des investisseurs principalement, mais de mon point de vue, à la nécessité d’homogénéiser, de structurer ces informations pour l’ensemble des parties prenantes intéressées par le sujet (Évidemment, de plus en plus nombreux, car c’est une évolution sociétale, comme tout à chacun le sait).


Principes Fondamentaux des normes CSRD


1. Transparence et Comparabilité. Avoir des informations claires et comparables, ce qui est le maitre mot de cette nouvelle approche.  Il y a aussi un concept auquel je ferai référence « le langage clair ». Concept mis en lumière par les équipes de @Labarador lors des trophées annuels de la transparence. En bref, avoir des mots, des phrases avec un sens commun, que tout à chacun peut comprendre, et ne pas s’abriter derrière un verbiage financier, juridique, complétement ésotérique, dont même les professionnels ne comprennent plus parfois les nuances.


2. Exhaustivité : Aborder des sujets pertinents en matière de durabilité, d’impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance.


3. Fiabilité et vérifiabilité : Les informations fournies doivent être fiables et vérifiables. Elles sont soumises à une vérification externe indépendante, pour en garantir l’exactitude.


4. Pertinence : La pertinence est déterminée par l’importance des impacts pour l’entreprise et ses parties prenantes.


5. Accessibilité : Les informations doivent être facilement accessibles et compréhensibles pour les utilisateurs des rapports. Cela signifie que les rapports doivent être rédigés de manière claire et concise, avec des explications sur les méthodologies utilisées pour collecter et présenter les données.

Les normes CSRD s’appliquent à un large éventail d’entreprises, aussi bien les grandes entreprises cotées en bourse, que celles non cotées, mais aussi les petites et moyennes (PME) qui dépassent certains seuils de taille.

Les informations de durabilité, doivent être intégrées dans les rapports annuels des entreprises, assurant ainsi une vision holistique des performances de l’entreprise.

 

La CSRD est en place depuis le 01/01/2024.


La mise en œuvre des normes CSRD se fera progressivement. Les grandes entreprises cotées seront les premières à devoir se conformer aux nouvelles exigences, suivies par les autres dans les années suivantes.


Les normes CSRD représentent un changement significatif dans la manière dont les entreprises rapportent leurs performances en matière de durabilité.


Il est à noter qu’à l’ère du digital, ses données deviennent beaucoup plus dynamiques. Le temps où toutes les données étaient figées jusqu’à la parution du rapport suivant (N+1) est donc révolu. Tous les rapports sont interactifs, avec des liens et deviennent petit à petit plus dynamiques. D’où la grande nécessité d’inventorier, répertorier et stoker ces informations de façon appropriée.


D’ailleurs, Bloomberg vient d’annoncer que les données CSRD sont maintenant disponibles sur leur plateforme.


Pour rappel, les normes IFRS, que j’avais mentionnées dans le numéro précédent de cette newsletter, sont dédiées aux informations financières, alors qu’ici, nous sommes dans le registre ESG / durabilité.


Ces deux approches sont complémentaires et visent un objectif de plus grande transparence. 


 

Retours d'expériences


Environ 1200 KPIs définis, mais les entreprises choisissent ceux qui leurs sont les plus pertinents.


L’anticipation est clef.


Les entreprises doivent absolument anticiper, même si elles n’ont pas l’obligation de le faire en 2024, voire 2025.


Il faut commencer à faire l’inventaire des KPIs pertinents pour l’entreprise et s’organiser en conséquence pour les mesurer, mettre en place les plans d’actions.


La RSE / ESG est un élément fondamental de la transformation des entreprises et ajoute un élément structurant et de cohérence, à celles-ci pour leurs plans de transformation.


Il faut avoir un projet Top-down avec les ExCom, mettre la gouvernance en place et surtout mobiliser le mid-management, ce qui est un enjeu majeur. Il faut absolument générer son adhésion et son engagement dès le début, mais au quotidien. Ceci n’est jamais simple, car cela vient aussi se rajouter à leurs opérationnalités de tous les jours.


Les salariés adhéreront facilement si c’est un projet d’entreprise, mais le management intermédiaire sera mis à forte contribution et jouera un rôle critique pour l’adoption et la réalisation des plans.


Il n’y a d’autre solution, que de les incentiver sur une part significative de la rémunération variable.


C’est avant tout un projet transverse aux différents départements de l’entreprise.


Certes, le département Finance va jouer un rôle primordial. D’une part, il est le garant des chiffres et de leur comparabilité dans le temps, mais aussi de leurs justesses.


Au travers des relations Investisseurs, les Finances doivent s’approprier les contenus ESG, car ils doivent répondre en live à toutes sortes de questions des investisseurs.


Cela change donc considérablement le profil et le recrutement des nouveaux collaborateurs finances, qui doivent avoir la RSE comme second background à leur formation Finances initiale.


Les sujets RSE / ESG représentent 25 % des meetings investisseurs.

 


Analyse des comportements des investisseurs :


Les fonds d’investissements ESG travaillent ensemble, en groupe ou pool, et gèrent les meetings ensemble, quand les investisseurs traditionnels sont sur des schémas plus archaïques, à avoir des entretiens individuels, pour chercher à obtenir, la petite information pour différenciation.


Les investisseurs Américains sont complétement différents des investisseurs Européens, au regard de leurs intérêts aux aspects / engagements / KPIs ESG. Par exemple, la vision de la RSE / ESG est vue comme un risque aux US. Ils considèrent, par exemple, que l’indexation de critères ESG sur la rémunération du dirigeant, n’est pas souhaitable.



Approache et gestion


RSE / SRG (Stratégie de Réduction des Gaz à effet de serre) et donc l’obligation légale de communiquer via la CSRD, génère une nécessité d’alignement des risques avec les différents stakeholders. Pour en assurer la cohérence, il est donc nécessaire de faire une double analyse de matérialité.

 


Enjeux de communication


Toutes les règles et bonnes pratiques de communication s’appliquent de la même façon :

Contrôler le contenu et périmètre défini,

Anticiper ce qui est hors périmètres, car il sera demandé par les investisseurs,

Aligner les messages à ses audiences,

Avoir une stratégie de communication et des objectifs clairs,

Être authentique, dire ce qui va, mais aussi ce qui ne va pas avec la marche de progrès pour s’améliorer,

Engager ses ambassadeurs, parce qu'ils seront plus authentiques, plus convaincants (employee advocacy programs) …


Dans la précédente newsletter, je faisais référence à une étude ESG/ SBF120 de @Epsilon Technologies, qui mesurait les sujets ESG à hauteur de 10% des communications sur les réseaux sociaux, pour seulement 5,7% de vues et juste 3% d’interactions (like & commentaires).

Ce qui est, somme toute, très peu aux regards des consommateurs finaux présents tous les jours sur les différents médias. Il y a encore un gros travail à faire pour gagner en efficacité.


J’ai eu l’occasion de participer à une conférence de très bonne qualité, organisée par Notified fin juin. Certains des intervenants trouveront dans les propos ci-dessus quelques-uns de leurs témoignages et confirmations…


Sébastien Valentin - Carrefour; Benedicte Garbil - Carbios ; Pauline Bireaud - Pluxee ; Bertrand Biard - LVMH ; Yoann Besse - Grayling

 

Entreprises à mission



En matière d’authenticité, la notion d’entreprise avec une raison d’être apparait comme un minima. Cela prend ici tout son sens, car il est le point de départ à l’alignement des valeurs de l’entreprise, de son rôle dans la société et de ses engagements face à l’ensemble de ses parties prenantes.

Petit rappel, pour une fois et enfin, nous avons un alignement des planètes qui se dessine entre l’entreprise, ses différentes parties prenantes et les investisseurs.

Les regards convergent tous, sur les actions d’engagements et de long terme. Certes, le tout étant illustré au travers de KPIs (les investisseurs restant des financiers à l’esprit, avant tout quantitatif), mais couplés à des actions qualitatives de fond.

À mon sens, cela met en évidence l’évolution intrinsèque du monde de l’entreprise, car tous les chemins menants à Rome, l’ensemble des entreprises doivent se réinventer et s’adapter au monde, en fonction des nouvelles attentes sociétales, qui fleurissent depuis quelques années.

D’évidence, cela ouvre la réflexion vertueuse de ce qu’est, ou devrait être, une entreprise et sa transformation en tant qu’entreprise à mission.

Car quitte à s’engager dans la voie d’une entreprise avec une raison d’être, il n’y a qu’un pas à transformer ses statuts, pour l’acter au plus profond de son ADN.


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Pour devenir une entreprise à mission, une société doit inscrire sa raison d’être et ses missions dans ses statuts juridiques. Cela implique une révision formelle des statuts avec l’accord des actionnaires.

L’entreprise doit créer un comité de mission, distinct des organes de gouvernance traditionnels, chargé de veiller à la mise en œuvre des missions définies. Ce comité peut inclure des représentants externes pour assurer une perspective diversifiée et indépendante.

Le comité de mission évalue régulièrement les progrès réalisés par l’entreprise dans la réalisation de ses missions. Des indicateurs de performances spécifiques sont définis pour mesurer l’impact des actions entreprises.

Mais l’intégration des missions dans la stratégie peut représenter un défi, nécessitant des ressources et une coordination importante. Les retours d’expériences illustrent la nécessité de rester simple dans l’approche et ne pas complexifier dans les phases de lancement.

Chaque année, l’entreprise doit publier un rapport de mission détaillant les actions menées et les résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés. Ce rapport est présenté aux actionnaires et rendu public pour assurer la transparence.

Les entreprises à mission sont également soumises à une vérification indépendante de leurs performances par un organisme tiers, garantissant l’objectivité et la crédibilité des informations rapportées.

Les entreprises à mission incarnent une nouvelle vision de l’entrepreneuriat, où la performance économique est étroitement liée à l’impact social et environnemental. En adoptant ce modèle, les entreprises s’engagent à contribuer positivement à la société tout en poursuivant des objectifs financiers.


Cette approche holistique et responsable, répond aux attentes croissantes des parties prenantes, et ouvre la voie à une économie plus durable et plus équitable.

Elles sont très souvent des moteurs d’innovation, cherchant de nouvelles façons de créer de la valeur, tout en respectant leurs engagements sociaux et environnementaux. Cela peut conduire à la mise en place de nouveaux business modèles et à la transformation des processus internes.

On touche ici un sujet qui m’est cher, l’alignement interne de l’entreprise, entre ses valeurs, ses missions et ses opérations quotidiennes, qui doivent être puissamment ancrées et articulées par le management (Top & management intermédiaire).

Au final, les entreprises à mission bénéficient d’une meilleure image de marque, d’une fidélité accrue des clients et des employés, et d’un accès facilité à certains financements et partenariats.

Ces entreprises sont et seront plus différenciantes, plus vertueuses, ce qui est le maitre mot pour se démarquer dans un monde compétitif ou attirer et retenir les talents devient crucial, car plus ancrées sur des valeurs réciproques.

 

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Tout récent exemple en date, avec @Bel dans le monde de l’agroalimentaire qui vient d’adopter le statut des entreprises à mission.


« Le groupe Bel et ses actionnaires familiaux réaffirment leur vision à long terme, où rentabilité et responsabilité sont intimement liées. C’est un aboutissement à plus de 20 ans d’engagement, qui ancre de manière pérenne un modèle pionnier de croissance durable, ainsi que la vision impulsée et mise en œuvre par Antoine Fievet, Président du conseil d’administration de Bel, et Cécile Béliot, Directrice Générale.

Avec cette nouvelle étape, Bel réaffirme et inscrit sa raison d’être dans ses statuts : en donnant accès à une alimentation plus saine et plus durable pour tous, Bel œuvre au développement d’un modèle alimentaire respectueux des ressources naturelles de la planète, qui bénéficie à l’ensemble de son écosystème et qui lui permette ainsi d’agir pour les générations d’aujourd’hui et celles de demain. 

Des objectifs sociaux et environnementaux, dans la lignée de la stratégie durable menée par Bel depuis 20 ans, ainsi qu’un comité de mission seront également mis en place. »

 

La démarche a été doublée d’un plan mondial d’actionnariat employés « We Share », pour rendre encore plus concret la démarche sociétale et culturelle.


 

Rappels & principes :


Les entreprises à mission représentent une évolution significative dans le paysage entrepreneurial moderne, intégrant des objectifs sociaux et environnementaux à leur modèle économique. Ce concept, qui se développe notamment en France avec la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) de 2019, vise à concilier performance économique et utilité sociale, permettant aux entreprises de répondre aux attentes croissantes de la société en matière de responsabilité et de durabilité.


Les concepts clés des Entreprises engagées (avec une raison d’être ou dites à missions…)


Une entreprise à mission est une société qui, au-delà de ses objectifs business, se fixe une ou plusieurs missions sociales, sociétales ou environnementales dans ses statuts. Ces missions deviennent des engagements qui guident la stratégie et les actions de l’entreprise.


Raison d’Être : La raison d’être d’une entreprise à mission est une déclaration formelle qui décrit la contribution de l’entreprise à l’intérêt général. Elle va au-delà du simple profit pour inclure des objectifs de long terme, liés à des enjeux sociaux et environnementaux.


Missions Sociales et Environnementales : Ces missions sont des engagements spécifiques pris par l’entreprise pour avoir un impact positif sur la société et l’environnement. Elles peuvent inclure des objectifs comme la réduction des émissions de CO2, l’amélioration des conditions de travail, l’inclusion sociale, ou encore la préservation de la biodiversité.

 

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Ma conclusion


La notion d’engagements et de transparence sont chères aux entreprises à mission, qui doivent non seulement définir des missions claires, mais aussi s’engager à les poursuivre activement. Cela implique une transparence totale vis-à-vis des parties prenantes, avec des rapports réguliers sur les progrès réalisés, et reboucle sur le sujet CSRD qui est un format et une démarche de communication parfaitement adapté.


De mon point de vue ces approches structurantes, permettront à l’entreprise en général, de gagner en efficacité organisationnelle par plus de cohésion, d’engagement et de clarté.

Ce sont des approches complètement vertueuses, qui revisitent de fond en comble l’identité et la culture de l’organisation.


 

Références:

 

Conférence NOTIFIED du 20/06/2024 « RSE Nouvel Enjeu / Relation publiques / relations investisseurs »

Exemples & références où vous pouvez-vous trouver des informations utiles, quant aux démarches et entreprises qui ont fait le pas.



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